Revenu d’Intégration : une précarité organisée

Prise de position de Latitude Jeunes sur base d’une prise de position de Bernadette Schaeck publiée sur Facebook.
Le 15/04/2025

Le revenu d’intégration sociale (RIS) est le revenu minimum accordé par le CPAS, à certaines conditions, aux personnes qui ne disposent pas de ressources suffisantes et qui ne peuvent pas se les procurer. L’exemple le plus commun des bénéficiaires du RIS sont les personnes exclues du chômage. Malheureusement, le vent est en train de tourner. Alors, qui aura droit au RIS, et surtout, qui n’y aura plus droit ?

Exclusions structurelles et administratives

Contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, toutes les personnes exclues du chômage ne pourront pas bénéficier de cette aide. C’est par exemple le cas de la personne dont le ou la partenaire travaille. Même si ce couple vit avec un seul revenu au ras du seuil de pauvreté (1.752,26 €), la personne exclue du chômage n’aura aucun droit au revenu d’intégration. Entre « trop riche » et « pas assez pauvre », un salaire de misère devient alors le seul filet de sécurité du foyer, sans égard pour ses besoins réels.

De même, vivre chez ses parents suffit à exclure un·e jeune du RI, même si personne dans la famille n’a de revenus décents. Pire : l’État peut forcer les CPAS à prendre en compte les revenus des parents. Résultat : les jeunes chômeurs·euses et étudiant·e·s précaires sont laissé·e·s pour compte, sans alternative.

En ce qui concerne les personnes au chômage, beaucoup d’entre elles finissent par toucher un revenu d’intégration encore plus bas que leurs allocations de chômage les plus basses, parce que chaque aide ou revenu antérieur, aussi infime qu’il soit, est décompté du RIS, parfois avec des méthodes de calcul absurdes. Le RIS devient alors une aide sociale qui enfonce au lieu de soutenir.

Un don d’un·e proche, une aide pour payer une facture, un bien vendu il y a 10 ans ? Tout cela peut être retiré de votre RIS. Le message est clair : se débrouiller, c’est être puni·e.

De plus, on observe assez clairement une différence de traitement entre les situations de précarité. Ainsi, un chômeur ou une chômeuse qui verse une pension alimentaire est reconnu·e comme chef·fe de famille. Il ou elle reçoit donc une aide supplémentaire, là où le même profil au CPAS est considéré comme isolé, et ne reçoit qu’un complément dérisoire, figé depuis 20 ans. Il apparait ici de manière plutôt évidente que le gouvernement ne s’embarrasse pas du principe d’équité.

Violence institutionnelle et dépendance imposée

La solidarité familiale devient une violence déguisée. Ainsi, le CPAS peut exiger qu’un·e adulte sans revenu demande de l’argent à ses parents ou enfants. Imaginez demander une aide financière à vos parents de 80 ans pour survivre à 55 ans, après avoir perdu votre travail et avoir du mal à en retrouver. C’est ce qu’on appelle « l’obligation alimentaire », et en plus d’être humiliante, elle est injuste.

Ce système va créer davantage de pauvreté. Les règles d’accès au RIS excluent, sous-évaluent, culpabilisent. Ce qui risque de plonger des familles entières dans la misère laisse des décideurs privilégiés dans une indifférence quasi-totale.

Et ce n’est que le début : le gouvernement Arizona prévoit d’autres restrictions encore plus dures. Ce n’est pas une correction du système : c’est une stratégie assumée d’exclusion sociale.

Conséquences humaines concrètes

Quand il ne reste plus rien, on a visiblement un dernier choix : passer en mode survie ou tout simplement sombrer avec le bateau. Pas d’allocations, pas de RIS, pas d’aide ? Il reste la dépendance financière pour les couples et les familles, accepter des petits boulots misérables, travailler au noir, se prostituer, dormir dans la rue. C’est ça, le destin qu’on réserve à celles et ceux qu’on a exclu·e·s.

Latitude Jeunes conteste ces mesures qui mènent à une société dépourvue de solidarité, d’équité et de bon sens. Restons attentifs et attentives à ce que le gouvernement nous prépare et soyons prêt·e·s à réagir face à l’injustice sociale toujours plus présente dans les projets de l’Arizona !

Contacts :

Lucie Pé– lucie.pe@solidaris.be – 02 515 04 54 – https://www.latitudejeunes.be/